Raphaël fouille dans les vidanges,
Collectionne les verrues
Collectionne les verrues
et les pois de senteur.
Préfère trouver plus qu’acheter
Préfère trouver plus qu’acheter
ou recevoir en cadeau.
Raphaël mange les restants
Raphaël mange les restants
aux terrasses des cafés,
Enfourne les débris dans ses poches
Ou dans des gobelets de carton,
Se contente du trop-plein des énormités.
Le monde fuit Raphaël,
Lui crache dessus,
L’envoient chier,
Avec des mots crus
Qui ne nourrissent personne.
Raphaël est paré
Contre les insultes,
Enfourne les débris dans ses poches
Ou dans des gobelets de carton,
Se contente du trop-plein des énormités.
Le monde fuit Raphaël,
Lui crache dessus,
L’envoient chier,
Avec des mots crus
Qui ne nourrissent personne.
Raphaël est paré
Contre les insultes,
des riches,
des intelligents,
des charmants,
des célèbres,
des plus-que-parfaits,
quand il ferme à double tour
quand il ferme à double tour
ses belles jalousies.
Depuis longtemps,
Raphaël drague les bas-fonds
En faisant la fête,
Mais mille joies ne font pas souvent
Depuis longtemps,
Raphaël drague les bas-fonds
En faisant la fête,
Mais mille joies ne font pas souvent
un bonheur.
Raphaël tend son bras
Raphaël tend son bras
comme une arbalète.
Les sous tombent dans le creux
Les sous tombent dans le creux
de sa tuque.
Il fait merci en bougeant la tête,
Comme le petit ange de plâtre bleu
Il fait merci en bougeant la tête,
Comme le petit ange de plâtre bleu
de ses jeunes années,
Alors qu’il rêvait de devenir nautonier,
Pour accoster l’humain
Alors qu’il rêvait de devenir nautonier,
Pour accoster l’humain
dans ses plus beaux parages.
N’empêche, la vie essouffle Raphaël
N’empêche, la vie essouffle Raphaël
et le saoule.
Il se laisse déchoir
Il se laisse déchoir
dans le lit,
sur le banc vert,
dans l’herbe jaune,
Ou sur la baveuse bouche d’égout,
En ballottant ses bras,
Comme un petit ange balourd
Ou sur la baveuse bouche d’égout,
En ballottant ses bras,
Comme un petit ange balourd
tombé dans la neige.
Raphaël laisse sa marque
Qui sent mauvais
Et qui noircit l’espace et le temps.
Pendant que les notaires notent,
Raphaël laisse sa marque
Qui sent mauvais
Et qui noircit l’espace et le temps.
Pendant que les notaires notent,
que les mamans maternent,
que les politiciens policent,
Chacun à sa place,
Raphaël est heureux de sa liberté.
Puis, dans une poubelle,
Raphaël trouve un doigt d’enfant,
Avec, au bout, une goutte de sang,
Dure comme un grenat.
Ce jour-là, les nuages passaient
Chacun à sa place,
Raphaël est heureux de sa liberté.
Puis, dans une poubelle,
Raphaël trouve un doigt d’enfant,
Avec, au bout, une goutte de sang,
Dure comme un grenat.
Ce jour-là, les nuages passaient
entre les gratte-ciel
Et les passants le regardaient
Et les passants le regardaient
plus que de coutume.
Pierre Rousseau. Les beaux naufrages, 2004.
Pierre Rousseau. Les beaux naufrages, 2004.
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