jeudi 11 février 2016

Yeux précaires

Les nuits noires d’étoiles,
     En citadins bâtisseurs,
Nous fripons la matière dure
     Au bout des seins
Des vierges matins à venir.

Dans nos têtes lentes,
Nous bâtissons des cathédrales où
     Nulle jouissance
     Nul amour diamant
Ne pénètrent.

Nous jouons à faire semblant
Que le monde
Ne sera plus jamais pareil,
Tel que convoité
En façon et manière.

Blottis entre l’eau et les fruits,
Nous craignons l’avenir
Comme on craint la soif.

Silencieux,
Indifférents aux mille ardeurs
     Des patients artisans,
Nous fermons nos yeux.
Des gouffres s’ouvrent
    Sous nos iris,
Immenses alvéoles noires
                Avaleuses de rêves.

Nous ne sommes pas
    À la hauteur
Des précaires bénéfices
«Quand l’engoulevent,
Ivre de conquêtes,
La gueule grande ouverte,
Avale
        L’espace
        Et l’air du temps»
Entre nos mains inertes.

Pierre Rousseau. Sur le dos de la nuit, 2005.

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